Le plus beau des printemps – Emilie fait partie de l’équipe du Strøm depuis bientôt 10 ans. Aujourd’hui maman d’un merveilleux garçon de 11 semaines, son passage au rôle de mère s’est déroulé dans une période bien spéciale. En cette journée de la fête des Mères, elle nous raconte l’amour et les deuils. Le merveilleux dans le chagrin. Le plus beau printemps de sa vie.
Tout au long de ma grossesse, les gens me disaient : « tu vas accoucher après ta date, c’est ton premier ». J’avais même organisé mes plans en fonction du fait que Charles William, mon petit garçon, arriverait plus tard que prévu, donc plus tard que le 2 mars. J’avais mentalement choisi la pleine lune du 9 mars. Je visualisais. Je continuais à travailler. Je ne sentais pas le besoin de faire ma valise d’hôpital. Évidemment, j’ai rapidement appris qu’on n’a absolument aucun contrôle là-dessus! Mon garçon est né plus tôt que prévu. Je suis rentrée tard un soir après le travail et j’ai perdu mes eaux pendant la nuit. Il avait plutôt choisi la nouvelle lune de fin février…
Il était pressé de sortir. Il sentait peut-être que quelque chose de gros s’en venait et qu’il valait mieux aller se réfugier à la maison. Les deux premières semaines de sa vie ont été normales et douces. Charles William a rencontré ses demi-frères et sa demi-sœur, qui l’attendaient avec impatience et l’ont approché avec fascination. Il s’est fait bercer par ses grands-parents complètement gagas et émus comme seuls ceux qui ont beaucoup vu et beaucoup vécu peuvent l’être. Puis, sans trop en comprendre la gravité, nous avons commencé à entendre parler du virus. Les événements se sont déroulés rapidement. Fermeture des écoles, des spas, confinement… Mon congé de maternité allait vraisemblablement se passer différemment de ce que j’avais imaginé.
Les petits et moins petits deuils se sont enchaînés. On oublie les brunchs entre mamans, les rendez-vous chez l’ostéopathe pour le bien-être du bébé et surtout les moments de tendresse avec papi et mamie. Nos familles voient Charles William grandir, s’éveiller au monde à un rythme extraordinaire, à travers des écrans. Lorsque je m’arrête et pense à la situation, mon cœur se serre. C’est ainsi que je réalise que ce chagrin est en quelque sorte merveilleux. Il y a du beau dans la tristesse, puisqu’elle reflète l’amour et la gratitude que l’on porte envers ce que l’on perd. Les contacts humains nous manquent. Cela nous fait réaliser à quel point nos liens sont profonds et riches.
Devenir parent, c’est revenir à l’essentiel. C’est réaliser que tout ce qui compte, c’est le bien-être de ceux qu’on aime. On devient protecteur. Notre instinct animal est décuplé. Ce confinement dans notre cellule familiale nous permet de se créer un cocon pour accueillir le nouveau membre de notre clan. Une aura d’ocytocine émane, et nous ne formons qu’un.
Devenir mère, c’est aussi mieux comprendre les cycles de la vie… Les enfants sont la preuve vivante que la vie se réinvente continuellement. Ils sont l’espoir de demain.
Je me rappellerai du printemps 2020 comme de la plus belle période de ma vie, celle lors de laquelle je suis devenue maman dans un contexte invraisemblable…