UNE VISITE CHEZ GABRIELLE
– Gabrielle s’est jointe au Strøm dans des circonstances bien particulières. Elle prête main forte depuis peu à toute l’équipe en cette période de grands changements. Avec son mari médecin et sa fille à la maison, son récit témoigne de l’importance du lâcher-prise, de l’entraide et des bonheurs simples.
Mes premières journées de travail au Strøm spa nordique se sont déroulées en pleine crise de la COVID-19. Alors que mon entrée en poste était prévue pour mai, la fermeture temporaire demandée par le gouvernement a accéléré mon arrivée… Et depuis le premier jour, ma contribution s’effectue uniquement en télétravail.
Comme mon mari est médecin, nous avions rapidement pris conscience du sérieux de la situation liée au coronavirus il y a quelques temps déjà… Aujourd’hui aux premières loges de la crise, nous devons nous adapter à une nouvelle réalité.
La COVID-19 entraîne évidemment un niveau de risque plus élevé qu’à l’habitude en milieu hospitalier. Ce serait mentir d’affirmer que tout cela est sans préoccupations pour ma famille et moi. D’ailleurs, à la maison, il nous arrive parfois d’être confrontés à une montée de stress et d’inquiétudes à ce sujet. Pour moi, l’un des moyens de retrouver mon équilibre est de mettre les choses en perspective. À l’hôpital, en temps normal, les risques étaient déjà présents, ils font partie de la nature même de la profession médicale. Cette réalité n’est donc pas totalement nouvelle. De plus, je me rappelle que le rôle de mon mari, de tous les professionnels de la santé d’ailleurs, est de soigner, de réconforter, et de sauver des vies. Ce que nous vivons à la maison est donc, en quelque sorte, essentiel au bien-être de tous.
Je dis à la blague que mon rôle à moi est entre autres d’aplatir la courbe d’émotions intenses que nous vivons en famille. Et pour y arriver, je me questionne souvent sur ce sur quoi je dois lâcher prise et sur ce sur quoi j’ai du contrôle.
D’ailleurs, afin d’agir sur ce sur quoi nous avons du contrôle, nous avons mis en place à la maison des mesures concrètes pour nous protéger, mais également pour protéger les autres. En plus de l’isolement volontaire, que nous pratiquons depuis le tout début, mon mari a instauré un protocole pour tenter d’éviter la transmission à l’intérieur de notre demeure. Avec une station de déshabillage dans notre garage, la prise d’une douche avant de nous côtoyer et une désinfection rigoureuse des objets, il pose tous les jours des gestes de prévention significatifs.
Bien sûr, les moments de crise sont aussi accompagnés de mouvements solidaires sans pareil. Me sentant impuissante face à la situation actuelle, j’ai un fort sentiment d’urgence. Mon élan est de me tourner vers les autres, particulièrement en ces temps d’isolement. Les bibliothèques étant fermées, j’ai initié un échange de livre d’enfants avec mes voisines (qu’on prend bien soin de désinfecter!), j’ai contacté mes voisins un peu plus âgés pour prendre de leurs nouvelles et leur expliquer la gravité de la situation, et j’ai convaincu des membres de notre famille qui étaient à l’étranger de rentrer plus tôt que prévu. En ce moment, même si certains volets de notre vie sont en accéléré, d’autres sont plutôt au ralenti, et il faut en profiter ! Nous prenons le temps d’être simplement bien ensemble, en famille, sans superflu. Chaque jour, plus que jamais, nous sommes reconnaissants d’être en santé. Et nous sommes d’autant plus conscients des petits bonheurs de la vie : écouter le chant des oiseaux, prendre des nouvelles de notre entourage souvent, partager un bon repas, et sourire!