S’ADAPTER AU MONDE DE DEMAIN — À l’heure où la pandémie souligne la vulnérabilité collective et les limites de notre environnement, l’intégration de nouvelles nécessités pourrait permettre aux designers, aux architectes et aux urbanistes de redéfinir les espaces personnels, partagés et collectifs. Une revalorisation de nos acquis environnementaux devient nécessaire alors que le vivre-ensemble n’a jamais été aussi vital.
N°1:REDÉFINIR L’ESPACE PUBLIC
Favoriser le vivre-ensemble
Le monde connaît actuellement une vague de réflexion urbaine. Des changements s’imposent, et ces derniers affectent des aspects de notre vie personnelle, mais aussi le partage de l’espace public avec nos concitoyens. Aller au bureau, au restaurant, faire ses courses, prendre le transport en commun. De simples gestes qui impliquent le vivre-ensemble. Il s’agit du fondement même de nos sociétés, et il est donc essentiel de revoir nos manières de cohabiter. Les villes ne sont plus les mêmes. Certaines se transforment en restaurants en plein air ; d’autres cherchent à se remodeler pour répondre aux nouveaux besoins. Les espaces perdus sont réinventés et la piétonisation des rues gagne en popularité. Celle-ci permet de revoir l’espace et d’y intégrer toutes les possibilités qu’offre ce dernier. Il est crucial de réfléchir aux meilleures manières de mettre en pratique la distanciation physique, tout en offrant des environnements interactifs et inclusifs. On mentionne notamment l’idée d’un espace commun sécuritaire, généreux et accessible comme bien fondamental pour une vie publique épanouie. Alors qu’un nouveau plan d’urbanisme voit le jour en raison des récents événements, plusieurs citadins s’éloignent des grandes villes, redonnant à la campagne ses lettres de noblesse. Les villes qui s’en sortiront le mieux seront sans doute celles qui arriveront à reconfigurer l’espace offert aux citoyens.
N°2:REPENSER NOS LOGEMENTS
Redécouvrir le confort domestique
Notre vision du design se voit également bouleversée. L’individu dans son habitat redécouvre son espace et imagine de nouvelles manières d’atteindre une certaine forme de confort, tant au plan fonctionnel qu’émotionnel. Le design d’intérieur reprendra donc une place prépondérante puisque de nombreuses personnes passent plus de temps à la maison. Une chose est certaine : le chez-soi doit être un véritable sanctuaire. Le désencombrement des logements s’est transformé en une tâche majeure. Les gens ont appris à vivre avec moins, ce qui permet de libérer de l’espace à long terme et de changer la relation que l’on entretient avec les biens qui occupent nos maisons. Peut-être que cela encouragera nos sociétés à vivre avec moins et à accorder plus d’importance à la qualité des articles choisis.
La flexibilité deviendra essentielle dans la planification de l’espace, tout comme la désignation de zones ayant une fonction spécifique. La définition des espaces permettra une démarcation distincte entre la vie domestique et professionnelle. Un coin dédié aux réunions virtuelles sera également primordial et la sonorité de nos habitats deviendra une priorité. Les gymnases à domicile sont désormais presque aussi indispensables que le bureau à domicile. L’utilisation de tout espace extérieur ou intérieur disponible sera donc essentiel. La conception des zones en plein air prendra une nouvelle valeur : l’aménagement d’un espace extérieur privé, d’un balcon, d’une terrasse, d’un jardin ou encore d’une arrière-cour, pour créer des havres le plus près possible de la nature. Dans une ère d’incertitude, l’importance accordée au confort domestique se voit accrue.
N°3:REVENIR À LA SOURCE
Un monde plus conscient
Alors que les habitudes de vie et de consommation se sont transformées du jour au lendemain, certains voient l’espoir d’un avenir urbain plus équitable et durable. On cherchera à construire des habitats écoresponsables tout en se questionnant sur le choix des matériaux, du design ou encore des formes architecturales. On assiste à l’émergence d’un retour aux sources. Pendant que le monde autour de nous change, la perception de notre environnement et notre comportement à son égard se modifient à leur tour. En ralentissant, l’invisible devient visible, c’est-à-dire que les comportements que l’on prenait pour acquis sont repensés. On réalise quels sont les bons gestes et les moins bons gestes. Certains misent sur l’achat local, plusieurs valorisent la marche ou le vélo, ou encore multiplient les escapades en nature. De riches récompenses pour le bien-être collectif et celui de la planète. Comme les lieux que l’on occupe sont fondamentalement liés à l’environnement, l’acquisition de nouvelles valeurs écologiques aura un effet indéniable sur la configuration de nos espaces. L’édification d’écoquartiers comme le Technopôle Angus ou Réinventer Montréal reflètent à merveille la synergie qui existe entre la conception d’un milieu de vie et nos valeurs environnementales.
Des projets pour imaginer le monde de demain
LE TECHNOPÔLE ANGUS
La création d’un milieu de vie pour tous
Le Technopôle Angus est un village urbain répondant à une variété de besoins où les résidents et les entreprises peuvent partager un milieu de vie écologique, effervescent et inclusif. L’ancienne friche industrielle convertie en écoquartier est une véritable artère d’ouverture de commerces et de bureaux, soutenant la création d’emplois au sein d’un milieu dynamique, diversifié et durable. La mixité fonctionnelle, l’aménagement de places publiques connectées par un réseau de circulation active, la convivialité des espaces publics et l’intégration de pratiques émergentes dans le domaine de l’agriculture urbaine contribuent à l’instauration d’un milieu de vie de qualité et inspirant pour le monde de demain.
« RÉINVENTER MONTRÉAL »
Par la Ville de Montréal + C40 Reinventing Cities
Une invitation aux promoteurs, architectes, concepteurs et développeurs à transformer un site sous-utilisé en projet novateur qui redynamisera le secteur tout en luttant contre les changements climatiques. L’objectif ? Réduire les émissions de gaz à effet de serre afin de devenir un exemple de ville intelligente et écoresponsable.
WELLINGTON-SUR-MER À SHERBROOKE
Revaloriser le centre-ville
La ville de Sherbrooke a offert lors de la belle saison une installation piétonne sur la rue Wellington Nord et deux espaces éphémères permettant aux citoyens de redécouvrir la ville. Un projet opéré avec les commerçants et pour les commerçants, visant la revalorisation du centre-ville et s’appuyant sur une approche ludique et rafraîchissante.
LA COUVERTURE HERE COMES THE SUN
Le projet du designer londonien Paul Cocksedge
Une couverture permettant à tous de se rassembler et de socialiser en toute sécurité. Elle a été conçue pour faciliter le maintien d’une distance de deux mètres ― qui peut parfois être difficile à évaluer ― dans des contextes sociaux en plein air. L’idée est survenue suite au besoin du designer de communiquer et d’être près des gens, dans une période où la distanciation sociale était de mise. Le patron est offert gratuitement sur le Web pour donner la possibilité à tout le monde de confectionner sa propre couverture.
LE CENTRE CANADIEN D’ARCHITECTURE
« La possibilité de l’architecture d’agir comme agent d’intégration, autant que d’instigation, dans les approches relationnelles. »
Avec son énorme jardin accessible à tous, le Centre Canadien d’Architecture est un exemple d’ouverture et d’intégration. Les jardiniers ont notamment joué avec le design de la pelouse, créant un énorme damier qui incite les visiteurs à respecter les mesures de distanciation sociale.