VERTE, VIABLE, DURABLE — Copenhague est une ville en plein essor dans laquelle les gens s’installent de plus en plus. Même si la concentration de la population dans les centres urbains n’est pas un phénomène nouveau, le positionnement de la capitale danoise en tant que « ville saine », notamment grâce à ses politiques municipales axées sur le bien-être des résidents, attire et convertit.
Aujourd’hui, plus de la majorité de laplanète vit en ville (51 %) – un chiffre qui, d’après plusieurs études, devrait augmenter considérablement dans les prochaines années. Or les villes rassemblent l’essentiel des activités et services d’un territoire. Comment peuvent-elles se transformer pour offrir un développement urbain plus efficient et économe, en évitant tout dysfonctionnement sur les plans social et environnemental ?
Jan Gehl, architecte et urbaniste danois, est un pré- curseur dans le domaine du développement urbain. D’après lui, la réponse se trouve dans la place que l’on accorde à l’être humain au cœur de la ville. Avec le soutien de politiques gouvernementales, Gehl est à l’origine des transformations que Copenhague, sa ville natale, a subies ces cinquante dernières années, et qui font qu’elle sert aujourd’hui de modèle aux plus grandes métropoles mondiales sur la manière de construire une « ville saine ».
« Ville saine », Copenhague l’est à l’évidence, grâce à la quantité et à la qualité de ses espaces verts, mais également en raison de ses mesures sociales. La ville dispose en effet d’une excellente politique de santé, qui s’avère payante puisque les personnes en santé sont plus susceptibles de contribuer à la vie et à l’économie du pays.
Véritable capitale mondiale du vélo, Copenhague a trouvé la solution non seulement pour réduire ses émissions de CO2, mais aussi pour garder sa population en forme. Avec les centaines de kilomètres de pistes cyclables offertes, plus de la moitié de ses habitants utilisent quotidiennement ce mode de transport, qui reste le moyen le plus simple de se déplacer. D’ailleurs, lors des périodes achalandées, les feux de circulation sont synchronisés en fonction de la vitesse des bicyclettes (20 km/h). Et la ville y gagne : en encourageant ses habitants à bouger, Copenhague économiserait chaque année quelque 230 millions d’euros en frais de santé.
En parallèle, la capitale danoise investit des sommes importantes dans son réseau de transport en commun, souhaitant qu’en 2025, les trois quarts des déplacements se fassent à pied, à vélo ou en transport en commun. En effet, « marcher plus, passer plus de temps dans les espaces publics, quitter plus souvent notre sphère privée » est, d’après Gehl, essentiel pour améliorer la vie en société. « Si tout le monde passait plus de temps dans les espaces publics, la ville deviendrait plus sûre, plus excitante, plus animée et plus intéressante pour tous. C’est l’un des éléments clés de la démocratie dans nos sociétés : faire en sorte que les citoyens se rencontrent tout au long de leur journée, et que cette diversité se croise en dehors des murs et des écrans. »
À Copenhague, la majeure partie de la population vit à moins de quinze minutes à pied d’un espace vert. L’administration municipale favorise en effet le développement de plusieurs espaces verts plutôt que de grands parcs, car leur caractère intime est plus attrayant. De plus, des zones de baignade récréative sont accessibles aux habitants et visiteurs dans le port, en plein cœur de la ville. Il est très fréquent de voir, été comme hiver, des résidents piquer une tête dans ces eaux rafraîchissantes.
À l’instar des autres pays scandinaves, le Danemark a un taux d’imposition qui frôle les 50 %, l’idée étant d’investir dans la qualité de vie et non de promouvoir le pouvoir d’achat. Dans cette société très taxée, l’éducation, de la maternelle à l’université, est gratuite, tout comme le sont également les soins hospitaliers et les soins quotidiens à domicile pour les personnes âgées.
La capitale danoise se préoccupe aussi de la santé mentale. Dans cette ville nordique, la saison froide est longue et le manque de soleil quotidien est difficile ; la dépression hivernale peut donc toucher un grand nombre de personnes. Alors qu’ailleurs au Danemark, les soins en santé mentale sont payants, Copenhague rend de tels services accessibles en ouvrant des cliniques « antistress » gratuites. Plusieurs initiatives analogues ont également été mises en place dans les écoles et lieux de travail afin de lutter contre l’anxiété et la dépression.
Enfin, puisqu’ils travaillent en moyenne 37 heures par semaine, les gens bénéficient d’un temps de loisir supérieur à leur temps de travail. D’ailleurs, dans la capitale danoise, le week-end commence le vendredi à 15 h.
On l’aura donc compris : la qualité de vie est importante, et elle réside surtout dans les petits plaisirs de la vie partagés avec ceux qui nous sont chers. C’est finale- ment là, à Copenhague, que l’on retrouve tout l’art danois du hygge, cet art de vivre alliant confort et contentement et qui consiste à profiter de l’instant présent, un moment à la fois.