Pleine conscience, intuition, nutrition, compulsion… Au-delà du choix des aliments, la saine nutrition concerne surtout la relation qu’on entretient avec la nourriture ainsi qu’avec soi-même.
Zoom sur l’alimentation pleine conscience, un mouvement qui gagne en popularité dans le domaine du bien-être et de la santé.
À propos de l’alimentation pleine conscience
Qu’est-ce que l’alimentation pleine conscience ?
On l’appelle aussi alimentation intuitive. Développée par deux Américaines, Evelyn Tribole et Elyse Resch, l’approche permet l’apprentissage et le développement d’une relation saine avec la nourriture. Le concept propose également de travailler sur l’acceptation de soi et l’écoute des signaux de faim et de satiété. L’alimentation consciente ou intuitive se base sur 10 principes, qui eux, sont appuyés par des données scientifiques :
- Rejeter la mentalité des diètes, qui créent de faux espoirs.
- Honorer sa faim au moment où elle est modérée.
- Se permettre de manger tous les aliments souhaités.
- Cesser de catégoriser les aliments comme étant « bons » ou « mauvais ».
- Considérer sa sensation de rassasiement pour savoir quand cesser de manger.
- Découvrir la satisfaction et le plaisir de manger.
- Vivre ses émotions sans nécessairement utiliser la nourriture.
- Respecter son corps tel qu’il est au moment présent.
- Être physiquement actif pour le plaisir et non pour perdre du poids.
- Honorer sa santé et ses papilles gustatives par ses aliments préférés.
Peut-on faire un lien entre l’alimentation pleine conscience et la méditation pleine conscience ?
Oui ! Le tout s’inscrit dans un mouvement global de pleine conscience. On peut travailler, marcher, respirer en pleine conscience. C’est une façon de vivre pleinement… et, pour plusieurs, un apprentissage de tous les instants !
Aujourd’hui incluse dans certains programmes universitaires et enseignée dans plusieurs entreprises, la pleine conscience mène la personne à porter une attention au moment présent de façon volontaire et sans jugement. Se poser permet de respirer profondément et d’observer ses pensées et ses émotions pour enfin mieux les comprendre.
Quel est le pire ennemi de l’alimentation pleine conscience ?
Les diètes restrictives et sévères accompagnées de pesées trop fréquentes vont complètement à l’opposé d’une approche consciente. Ces méthodes ne permettent pas d’honorer sa faim, catégorisent et rejettent certains aliments, et n’encouragent pas le plaisir de savourer, de goûter les aliments.
Ceci étant dit, pour plusieurs, la mise en place des principes de l’alimentation intuitive peut d’abord être assez ardue. Le processus peut parfois être long et parsemé d’embûches. Je pense ici surtout aux personnes aux prises avec des problématiques émotionnelles, qui doivent être plus encadrées au début du processus.
Peux-tu nous donner quelques astuces concrètes pour intégrer l’alimentation pleine conscience à notre mode de vie ?
D’abord, je suggère de dormir suffisamment, d’être bien hydraté en tout temps et de bouger régulièrement. Ces trois conseils aideront à stabiliser l’appétit. Ensuite, au quotidien, plusieurs astuces simples permettent de se rapprocher de l’alimentation consciente :
- Manger de façon régulière durant la journée afin d’honorer sa faim au moment où elle est modérée (règle du 3-3-3 : 3 repas, 3 collations aux 3 heures) ;
- S’attabler pour manger, sans distraction (télévision, cellulaire, ordinateur, etc.) ;
- Manger lentement en déposant sa fourchette entre chaque bouchée ;
- Savourer les aliments, honorer leur couleur, prendre conscience de leur texture et de leur odeur ;
- S’accorder un petit morceau de chocolat noir, par exemple, quand vient l’envie d’un plaisir sucré.
Peut-on faire un lien entre émotions, sensations, pleine conscience et « manger ses émotions » ?
Indéniablement ! La pleine conscience nous permet d’accueillir et de mieux comprendre les émotions et les sensations qui résident ou sommeillent en nous. Lorsqu’on prend conscience de ce qui nous porte à manger, on est plus outillé pour diriger autrement ces sensations ou ces émotions, sans jugement.
À propos de « manger ses émotions »
Quels sont les causes, les effets et les conséquences de cette problématique ?
Les compulsions alimentaires sont déclenchées par des émotions négatives (colère, ennui, anxiété) et le stress. Elles sont également souvent liées à des restrictions trop sévères que l’on s’impose. Le fait de se sentir gros ou gonflé engendre aussi des difficultés à prendre soin de soi, un sentiment d’échec et un sabotage.
Les compulsions alimentaires mènent bien sûr à un surplus de poids. L’estime et la confiance en soi en sont alors affectées et le cercle vicieux s’installe : on mange parce qu’on se sent mal, on prend du poids, on se sent mal de prendre ce poids et on mange à nouveau ! De plus, l’embonpoint et l’obésité peuvent entraîner des problèmes graves de santé.
Peux-tu nous donner quelques astuces concrètes pour parvenir à surmonter cette problématique ?
Souvent, un travail émotionnel est nécessaire, notamment grâce à un accompagnement psychologique, qui peut être très aidant. On estime à 30 % la proportion de personnes hyperphagiques qui ont subi, par le passé, des abus sexuels. Parfois, les blessures sont profondes.
Néanmoins, au quotidien, certaines astuces peuvent aider au contrôle des compulsions alimentaires :
- On élimine les régimes.
- On mange toutes les 3 heures : 3 repas et 3 collations dans la journée.
- On adopte l’assiette équilibrée : la moitié composée de légumes, le quart de viande et substituts, et le quart de produits céréaliers (féculents).
- On peut aussi tenir un journal de pensées, qui aidera à mieux comprendre le contexte autour des pertes de contrôle.
- On mise sur les aliments rassasiants (protéines, fibres, aliments à faible indice glycémique).
- On fait la liste des aliments culpabilisants et on les réintroduit graduellement et dans un cadre sécuritaire au sein de l’alimentation, pour enfin être libéré du sentiment de privation.
Pour en savoir davantage à ce sujet, découvrez le livre d’Isabelle Huot, Cessez de manger vos émotions – Briser le cycle de la compulsion alimentaire, Éditions de l’Homme, 2017.