Que vous soyez fan de Star Wars, un inconditionnel de Ricardo ou à l’affût du dernier roman de Chrystine Brouillet, un livre s’avère souvent parfait pour qui aime à personnaliser un cadeau jusqu’à la (fine) pointe des cheveux (ou des yeux ?) de celui ou celle qui le reçoit ! Biographie, essai, humour, roman policier ou drame de guerre, voici cinq chaleureuses suggestions qui entrent – ou pas – dans le bas de Noël.
Par Nicolas Gendron, journaliste et critique de cinéma
Sonnez, merveilles !, de Kent Nagano et Ingo Kloepfer (Boréal, 2015)
À la tête de l’Orchestre symphonique de Montréal depuis 2006, après avoir été à l’œuvre à Lyon, Manchester et Berlin, le chef Kent Nagano – on l’a dit et redit – a donné un coup de jeunesse considérable à cette institution, entre autres en invitant la pop à rencontrer la musique classique, et ce, sans jamais sacrifier l’esprit sacré du concert. Dans cet ouvrage-témoignage, il se raconte dans le but avoué de nous contaminer de sa passion. Au-delà de sa réputation élitiste, la musique classique n’est-elle pas un puissant outil de dialogue, « dans notre monde pressé, dans notre environnement technologique à forte imprégnation visuelle » ? Les souvenirs d’une enfance modeste s’y entremêlent aux fulgurances de Jean-Sébastien Bach et de Frank Zappa. Ce livre est comme un cœur palpitant la mesure du monde.
Second début, de Francine Pelletier (Atelier 10, 2015)
Avertissement : ceci se veut un cadeau engagé, mais non moins allumé, recommandé en toute connaissance de cause par un homme féministe… Journaliste et chroniqueuse respectée, Francine Pelletier a cofondé la revue La vie en rose, cruciale pour le mouvement féministe des années 1980, avant de se retrouver, en 1989, sur la liste des femmes à abattre d’un certain Marc Lépine. Vingt-cinq ans après la tuerie de Polytechnique, qui vient à peine d’être reconnue comme un acte misogyne, cet essai éclaire la mise au rancart – oh qu’elle est menaçante, l’émancipation des femmes ! – et la renaissance d’une cause qui devrait couler de source. Et pourtant, entre rêves, colères et décolletés, la partie est loin d’être gagnée. Une certitude demeure : le féminisme est le plus légitime des phénix.
Fiston – Le testament de conseils, de Jonathan Roberge (VLB Éditeur, 2015)
Humoriste et chroniqueur qui, sous des allures d’ours mal léché, cache très mal un regard social aiguisé et une tendresse infinie, Jonathan Roberge (Contrat d’gars, Papa) a connu la consécration grâce à sa websérie Fiston. Au Québec seulement, elle a récolté plus de 13 millions de clics et raflé deux Olivier. En bon papa coq, il y prodigue maints conseils et leçons existentielles à sa progéniture, avant qu’il ne soit trop tard, comme il a «238 % de chances de mourir au courant de [sa] vie» ! Dans l’ordre et surtout le désordre y sont analysés sans gêne la condition masculine, les peines d’amour, le beau-père, la drogue, les bars, le mariage et le premier char. VLB Éditeur en publie une version écrite revue et corrigée, mais jamais politiquement correcte. Pour se décomplexer la paternité !
Le jeu de l’ogre, de Maureen Martineau (La courte échelle, 2012)
Avec les enquêtes de Judith Allison, dont elle vient de faire paraître le troisième tome, l’auteure Maureen Martineau a non seulement créé un personnage féminin tridimensionnel, mais elle a aussi campé ses intrigues dans sa région, le Centre-du-Québec. Tingwick, Victoriaville, Saint-Martyrs-Canadiens : les paysages défilent comme autant de visages du crime ordinaire… aux racines extraordinaires. Employée du (fictif) Service de police régional d’Arthabaska, son héroïne doit faire face à des dilemmes moraux et des enjeux éthiques plus ou moins tabous (abus, enfants indigo, industrie de l’amiante). Le jeu de l’ogre met la table avec brio de cette série dont il est le premier tome : polar aux clefs multiples où la vengeance est un serpent qui se mord la queue.
L’orangeraie, de Larry Tremblay (Alto, 2013)
Homme de théâtre et dramaturge reconnu (Le ventriloque, The Dragonfly of Chicoutimi), Larry Tremblay se commet aussi dans des romans singuliers, dont Le Christ obèse, suspense halluciné sur fond de chrétienté. Mais son roman le plus célébré, auréolé du Prix des libraires et du Prix littéraire des collégiens, est sans contredit L’orangeraie. Deux jumeaux inséparables, Amed et Aziz, voient leurs grands-parents périr sous les bombes, mais les orangers de la famille restent entiers, pour les rassurer ou tantôt les narguer. Face à la guerre, l’enfance peut-elle être préservée ? D’un pays du Moyen-Orient non identifié jusqu’à un Montréal enneigé, l’humanité y présente un visage bouleversant mais balafré. Un roman essentiel, en ces temps où il fait bon tendre la main et ouvrir les bras.
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