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La littérature n’est pas qu’un havre de paix, mais elle peut y mener, quand on embrasse ses libertés. Pour peu qu’on s’y abandonne, elle peut faire un bien fou, s’immiscer à l’intérieur de nous, pour mieux nous éclairer la route, se moquer joyeusement de nos peurs et apprivoiser la vie dans ce qu’elle a de plus imparfait. Voici donc mes suggestions du moment, parmi ces livres-antidotes qui vous apaisent et vous élèvent en douceur.

Par Nicolas Gendron, journaliste et critique de cinéma

Paul à la campagne, de Michel Rabagliati (Les Éditions de la Pastèque, 2013) À l’heure où la bande dessinée Paul à Québec passe le test de la transposition au grand écran avec succès, et avant l’arrivée en librairie de Paul dans le Nord, le huitième tome de la série, pourquoi ne pas retourner aux sources? Né sur la table à dessin de Michel Rabagliati en 1998, Paul est un héros de bande dessinée rassembleur, qui a fait ses preuves depuis, jusqu’en Italie et en Croatie! La Pastèque publiait en 2013 une édition 15e anniversaire de l’aventure originelle, Paul à la campagne, en grand format et en couleur. On y retrouve toute l’essence du personnage, qui pose continuellement un regard attendri sur l’enfant qu’il a été, tout en méditant avec humour sur l’homme qu’il devient.

La femme qui fuit, d’Anaïs Barbeau-Lavalette (Éditions Marchand de feuilles, 2015) Ce roman remonte le temps et s’ouvre en scellant un pacte de réconciliation, plus qu’une déclaration de guerre : « Il fallait que tu meures pour que je commence à m’intéresser à toi. Pour que de fantôme, tu deviennes femme. Je ne t’aime pas encore. Mais attends-moi. J’arrive. » La cinéaste Anaïs Barbeau-Lavalette (Le Ring, Inch’Allah) est aussi auteure à ses heures (Je voudrais qu’on m’efface, Embrasser Yasser Arafat). D’une histoire familiale douloureuse, celle de sa grand-mère, qui a abandonné ses deux enfants et son mari – le peintre Marcel Barbeau, artisan du Refus global –, l’artiste tisse un récit de lumière et de liberté, celle que l’on se donne ou que l’on vole à la barbe du temps. Vibrant.

Tu te souviendras de moi, de François Archambault (Leméac, 2013) On lit trop peu souvent du théâtre, et pourtant, nos dramaturges construisent des histoires remuantes. Réputé pour son observation aiguisée de nos mœurs et de nos travers, François Archambault signe un théâtre qui bouscule et jamais ne vous fait la morale (La société des loisirs, Adieu beauté, 15 secondes). Avec Tu te souviendras de moi, immense succès créé au Théâtre La Licorne en 2014, puis en grande tournée québécoise et même pancanadienne en 2015-2016, l’auteur dévoile une autre facette de son talent. Si la prestation bouleversante de Guy Nadon a fait l’unanimité, dans le rôle d’un historien retraité atteint d’Alzheimer, elle reposait d’abord sur l’écriture d’Archambault, ici tout en finesse. La mémoire d’un homme s’y emmêle à celles des siens et même d’une civilisation.

L’école des films, de David Gilmour (Leméac, 2010) Attention, certains parents vont pousser les hauts cris… Romancier et ancien critique de cinèma, l’ontarien David Gilmour n’a pas hésité à permettre à son garçon Jesse, au plus fort de l’adolescence, de ne plus aller à l’école! Deux conditions, cependant, étaient non négociables : pas de drogues, sinon le marché ne tient plus, et surtout, trois films par semaine à visionner ensemble, choisis par papa, naturellement. Ça durera trois ans! Des 400 coups de François Truffault, un décrocheur comme Jesse, au suspense Les oiseaux de Hitchcock, Gilmour sélectionne soigneusement les œuvres à revoir avec son fils, de façon à varier les plaisirs et les enseignements. Comme celui-ci, délicieux, pour éclairer ses amours: « Tu peux pas être avec une femme si tu peux pas aller au cinéma avec elle. » Un condensé de cinéphilie, où la fiction ne se fait jamais aussi tendre que la vie.

Avant/Après, de Anne-Margot Ramstein et Matthias Aregui (Albin Michel Jeunesse, 2013) Petit bijou que cet Avant/Après, à mettre entre toutes les mains, petits et grands y compris. Non seulement ce livre illustré permet-il de raconter aux enfants des concepts de toutes sortes avec une touchante simplicité – de la finalité à la désuétude, du plus petit que soi à l’infiniment grand, de l’imaginaire du quotidien à la poésie du rien –, mais il est aussi d’une telle beauté graphique qu’il n’y a pas d’âge pour s’y plonger. Sur deux pages, parfois plus, on y révèle l’avant et l’après de maints personnages et paysages aux mille secrets, tout cela dans une absence de mots pour le moins éloquente. Et voilà la citrouille qui se transforme en carosse, le cheval de bois qui devient chaise berçante, la ruche qui se fait miel… Ainsi le temps file, entre routine et génie.

Journaliste et critique de cinéma, entre autres pour le journal Voir et la revue Ciné-Bulles, Nicolas Gendron est avant tout comédien et directeur artistique de la compagnie théâtrale ExLibris. Aussi un grand lecteur, Nicolas a déjà co-adapté pour les planches le recueil de nouvelles Les perruches sont cuites, de Charles Bolduc (Leméac, 2006), en plus de signer l’adaptation et la mise en scène du spectacle Et au pire, on se mariera, d’après le roman de Sophie Bienvenu (Éditions La Mèche, 2011).