Le cinéma est un véhicule idéal pour mettre en lumière les passions les plus brûlantes ou les plus déchirantes. Et on y trouve bien plus que des films de Saint-Valentin ! Parce qu’il n’y a pas que Nicholas Sparks qui soit capable d’écrire avec de l’eau de rose – même si The Notebook, c’était très bien –, coup d’œil à cinq films d’amour nouveau genre.
Par Nicolas Gendron, Journaliste et critique de cinéma
Juno, de Jason Reitman (2007)
Portée par une trame sonore ensoleillée, qui vous donne une furieuse envie d’apprendre la guitare, cette comédie romantique atypique repose autant sur le charme de ses interprètes – les figures montantes, à l’époque, qu’étaient les attachants Ellen Page et Michael Cera – que sur celui de ses personnages. On y suit Juno, 16 ans, électron libre qui n’est plus si libre que ça quand elle apprend qu’elle est enceinte de son ami Paulie. Entre avortement et adoption, son cœur balance, et son amitié avec Paulie est mise à rude épreuve, alors que le bal de fin d’année se profile à l’horizon. Gagnant de l’Oscar du meilleur scénario original, le film décape les conventions qui entourent l’amour adolescent et la famille conservatrice américaine, par un humour à la fois potache et décalé. Sourires garantis, de ceux-là qui vous collent au visage des heures durant.
The Reader, de Stephen Daldry (2008)
Adaptation réussie du best-seller de l’Allemand Bernhard Schlink, ce drame intimiste et juridique convie l’Histoire à la porte du cœur. Dans une Allemagne encore ostracisée par la Seconde Guerre mondiale, un adolescent (touchant David Kross) vit son premier amour entre les bras d’une contrôleuse de tramway (Kate Winslet, aussi glaciale que sensuelle), de vingt ans son aînée. Leurs ébats s’accompagnent toujours d’un rituel de lecture, de Tintin à Tolstoï… Ce qu’il ignore, c’est que cette femme fut autrefois gardienne d’un camp de concentration, et que leurs routes se recroiseront au cours d’un procès névralgique. Un souffle puissant domine l’ensemble, dessinant à traits fins la fragilité exacerbée des anciens amants, que la caméra suit de près de peur d’échapper les secrets enfouis et autres espoirs déçus.
Mary and Max, d’Adam Elliot (2009)
Le concept d’âme sœur existe aussi en amitié, et ce petit bijou d’animation australien nous le prouve admirablement. À l’instar de Wallace et Gromit, les personnages de Mary et Max prennent vie sous nos yeux grâce à une chaleureuse pâte à modeler, sculptée avec grand soin et maints détails attendrissants. Elle a 8 ans, habite en Australie et souffre des rires moqueurs de ses camarades. Il en a 44, habite à New York, vit avec le syndrome d’Asperger et mange ses émotions. La petite en a marre de sa solitude et tombe sur les coordonnées de Max dans l’annuaire. Commence alors une correspondance nourrie, marquée de plusieurs colis chocolatés. Prêtant leurs jolies voix pour la cause, Toni Collette et le regretté Philip Seymour Hoffman leur insufflent une dose d’humanité supplémentaire. Un conte délicieux, qui célèbre ces liens invisibles qui nous unissent à l’Autre.
Amour, de Michael Haneke (2012)
Je ne vous le cacherai pas : si Amour porte infiniment bien son titre, il n’en demeure pas moins la recommandation la plus crève-cœur du lot. Le cinéaste autrichien nous plonge dans le quotidien d’Anne et Georges, deux octogénaires éternellement complices, que la vieillesse frappe soudain de plein fouet. Atteinte de paralysie, Anne devient peu à peu l’ombre d’elle-même, et son époux s’en trouve désœuvré. Leur goût pour la musique classique, qu’ils ont enseignée toute leur vie, n’y changera rien. Traversé par le jeu bouleversant et digne d’Emmanuelle Riva et de Jean-Louis Trintignant, ce film-choc suscite de nombreuses questions sur l’amour comme rempart de l’existence. Si la compassion et l’affection s’effacent au profit de l’abnégation, quelles traces reste-t-il de l’amour ? Une leçon de vie, essentielle, salutaire.
La vie d’Adèle, d’Abdellatif Kechiche (2013)
En mai 2013, le jour même d’une importante manifestation en France contre le mariage pour tous, ce cinquième film du Franco-Tunisien Abdellatif Kechiche remportait la Palme d’or au Festival de Cannes et soulevait les passions. Il faut dire que l’œuvre dure trois heures, ne lâche jamais ses deux actrices des yeux (magnifiques Adèle Exarchopoulos et Léa Seydoux) et les scrute corps et âme. Mais il importe de voir par-delà l’intensité de la proposition, adaptée du roman graphique Le bleu est une couleur chaude (de Julie Maroh). On y décortique un coup de foudre au féminin, mais l’orientation sexuelle est un enjeu comme les autres, du désir jusqu’aux classes sociales. La fulgurance des sentiments vous rive à votre siège et la tristesse vous gagne quand vient le temps de quitter les personnages. Presque deux films en un, telle une vie condensée qui défile avec grâce.
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