AUTONOMIE ET APPRENTISSAGE — Le corps humain est fascinant. Il sait généralement ce dont il a besoin et emploie des mécanismes complexes pour envoyer des signaux au cerveau et voir ses besoins comblés.
Il manque de carburant ? Le cerveau demande la sécrétion des hormones de la faim, augmente l’attrait de la nourriture et, entre autres, diminue les hormones du rassasiement. Tout ça pour nous amener à manger et ainsi fournir de l’énergie au corps en manque. Apprendre à écouter les signaux du corps pour décoder ses besoins et y faire confiance est cependant loin d’être chose simple.
POURQUOI EST- IL COMPLEXE DE DÉCHIFFRER CE DONT LE CORPS A BESOIN ?
Quand on reçoit des messages différents provenant d’un peu partout, il n’est pas étonnant qu’on ne sache plus où donner de la tête. On se tourne donc vers des plans, des régimes ou des « styles de vie » qui dictent quoi manger, quand manger et en quelle quantité. Les moyens de communication d’aujourd’hui facilitent la diffusion de messages contradictoires. Il devient alors facile de se laisser porter par le courant. Ajoutons une certaine valeur morale aux choix alimentaires et à l’apparence physique, et on obtient une déconnexion et une méfiance totales du corps, et un degré de confusion certain.
Il est tout à fait possible de se libérer des règles et des diktats qui régissent notre alimentation pour trouver un équilibre qui nous est propre. Apprendre à se fier aux messages envoyés par le corps malgré la pluralité des idées reçues entourant l’alimentation est faisable. Voyons comment.
UNE SOLUTION BIENVEILLANTE
L’alimentation intuitive, développée par les diététistes américaines Evelyn Tribole et Elyse Resch en 1995, comporte dix principes où l’observation curieuse de ce qui se passe dans le corps et dans la tête est mise de l’avant ainsi que la remise en question des messages généralement véhiculés sur l’alimentation.
Cette approche anti-régime mise sur la compassion et la bienveillance. C’est ainsi qu’elle nous guide vers le respect du corps en apprenant à lui faire confiance et à éprouver de la gratitude pour ce qu’il nous permet de faire.
De nombreuses études ont démontré dans les dernières années les bienfaits de l’alimentation intuitive. Ne nommons que l’augmentation de l’appréciation de son corps, du plaisir de manger, de la sensibilité aux signaux corporels, de la variété d’aliments consommés ainsi que la diminution des comportements alimentaires troublés.
POUR COMMENCER
La première étape consiste à reconnaître que les régimes ne fonctionnent pas à long terme. Plus de 90 %des personnes qui suivent un régime n’observent pas de perte de poids ou ne la maintiennent pas au-delà de deux ou trois ans. Les personnes qui ont perdu du poids suite à un régime reprennent le poids perdu ou plus que le poids perdu dans 66 % des cas. Il est suggéré que les « succès » soient atteints par l’adoption de comportements alimentaires malsains.
Pour débuter, délaissez les réseaux sociaux, magazines, livres ou abonnements faisant la promotion de régimes ou positionnant le corps mince comme l’idéal à atteindre. Contester les standards de beauté présentés dans les médias et reconnaître la diversité corporelle permet d’explorer le respect, l’acceptation et l’appréciation du corps, soit trois facteurs contribuant à notre capacité à prendre soin de nos besoins pour notre bien-être global.
CONNEXION AU CORPS
L’alimentation intuitive invite à honorer la faim en se donnant un droit inconditionnel de manger dans le plaisir, sans culpabilité. En enlevant les restrictions, l’attrait de l’interdit se dissipe et les aliments tendent à perdre leur pouvoir d’attraction. Cela nous permet de faire des choix en fonction de nos goûts et de nos besoins. Découvrir le plaisir de manger permet de tirer un maximum de satisfaction et de combler nos besoins culturel set sociaux. La considération du rassasiement aide à déterminer quand le repas est terminé et à maintenir l’expérience globale satisfaisante.
Attention à la « police alimentaire » ! Cette voix qui dicte les règles à suivre et cause culpabilité, lorsque non respectée. Celle qui empêche de manger après une certaine heure, qui oblige la présence de certains aliments dans l’assiette ou encore qui en démonise d’autres. Quels messages avez-vous reçus en grandissant ? Quel impact ont-ils sur vos habitudes et comportements alimentaires actuels ?
Manger ses émotions est souvent perçu comme un comportement à éviter. Toutefois, manger ne répond pas simplement à un besoin d’énergie ! Manger apporte réconfort, connexion, bonheur et plaisir. Est-ce qu’il est pertinent de diversifier sa boîte à outils afin de répondre à nos besoins ? Absolument ! Reconnaissons toutefois la résilience du corps dans l’adoption de mécanismes de compensation face à des émotions fortes et douloureuses. Le fonctionnement du corps humain est fascinant, même dans ces réflexes que l’on a tendance à pointer du doigt.
Se connecter à son corps, c’est aussi ressentir les bienfaits reliés au mouvement : une diminution de la douleur, une amélioration du sommeil ou une meilleure gestion du stress par exemple. L’alimentation intuitive a pour but de répondre aux besoins physiques, émotionnels et psychologiques d’un individu en améliorant sa relation avec son corps et son alimentation. Quelle belle et douce façon de trouver son équilibre !
LIBERTÉ ET AUTONOMIE
Ressentir les signaux du corps peut sembler impossible à faire et n’est pas accessible à tous, par exemple en raison d’une prise de médicament, d’un historique de troubles des conduites alimentaires, de conditions médicales, etc.Le soutien de professionnels de la santé est souvent nécessaire dans ces cas.
Voici quelques questions qui peuvent vous guider dans votre démarche dès maintenant :
- Que se passe-t-il dans mon corps quand il manque d’énergie ?
- Comment est-ce que je ressens physiquement mes émotions et de quoi ai-je besoin pour y répondre ?
- Quels aliments me fournissent de l’énergie et contribuent à mon bien-être et quels aliments, au contraire, ne me font pas de bien ?
- Lorsque je mets mon corps en mouvement, comment est-ce que je me sens, qu’est-ce que ça m’apporte ?
Écouter et avoir confiance en son corps, c’est retrouver son pouvoir et son autonomie. Et ça, je vous le souhaite.