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DÉLAISSER LA VILLE — Qui n’a pas déjà rêvé de troquer la routine du « métro, boulot, dodo » pour un quotidien paisible et sain dans un cadre bucolique ? De plus en plus de citadins québécois choisissent de déménager leurs pénates en région, en faisant un véritable projet de vie. Cap sur les néoruraux.

À l’instar des hippies des années 60, qui ont rejeté la société de consommation en effectuant un retour à la terre, une nouvelle génération d’individus prend la route de la campagne en quête de sens et d’équilibre. Nuisance sonore, densité urbaine, loyers exorbitants, stress professionnel… Une foule de motifs poussent ces derniers à déserter la ville. Contrairement à leurs prédécesseurs hippies, ces nouveaux ruraux n’ont toutefois pas à se reconvertir dans les métiers de la terre pour réaliser leur rêve champêtre, la révolution numérique rendant le télétravail possible dans énormément d’industries. Que ce soit pour mener une existence autosuffisante, élever ses enfants dans un environnement plus vaste ou démarrer une nouvelle entreprise, la néoruralité permet bien des projets plus difficilement réalisables en ville. Portraits de trois fiers représentants du mouvement.

UNE VIE DE FAMILLE PLUS VERTE

C’est le désir de voir leurs enfants grandir dans un cadre plus naturel qui a mené Jocelyn Michel, photographe vedette (qui signe d’ailleurs les photos de cet article), et sa conjointe dans les Cantons-de-l’Est en 2014. « On habitait dans Pointe-Saint-Charles où l’on n’avait pas d’arrière-cour, explique-t-il. Ni ma conjointe ni moi n’avons grandi dans des milieux très urbains, donc quand nos enfants ont eu l’âge d’ouvrir la porte pour aller jouer dehors, ça a commencé à peser lourd sur nos consciences… Le contraste de ce qu’on était en train de leur offrir avec ce qu’on avait vécu. » La petite famille a donc plié bagage, d’abord à Frelighsburg, puis à Stanbridge East où elle est aujourd’hui installée.

En prenant la décision de déménager, le couple a convenu de garder sa propriété montréalaise ; un précieux pied-à-terre qui permet au photographe de continuer à pratiquer son métier profondément urbain. « Je me déplace à Montréal lorsqu’il y a des shootings, mais le reste du temps, je suis à la campagne, poursuit Jocelyn Michel. La récente pandémie a démontré que l’on est effectivement en mesure de faire beaucoup de travail depuis la maison ; c’est comme ça que je fonctionne depuis plusieurs années. Ici, je peux faire tout ce qui est retouche de photos, préparation de présentations, communication avec les clients… Je n’ai pas besoin d’être au studio pour ça. »

DE RÉDACTRICE… À FLEURISTE

Si certains parviennent à conserver leur métier en déménageant en région, d’autres sont plutôt inspirés à se réorienter. Tel fut le cas d’Alexandra Truchot, Montréalaise de naissance établie à Magog depuis 2018. « Mon conjoint et moi faisions beaucoup de jardinage sur notre balcon d’Hochelaga-Maisonneuve, relate-t-elle. Quand il a commencé à être trop étroit pour tout ce qu’on voulait faire pousser, on a dû se rendre à l’évidence qu’on aurait besoin d’un plus grand terrain… On n’avait pas le budget pour en avoir un à Montréal, et c’était clair dans notre esprit qu’on n’allait pas vivre en banlieue ; on ne voulait pas avoir à traverser un pont quotidiennement. On s’est donc dit que tant qu’à faire le saut, on irait vraiment au cœur de la nature ! »

Petite, Alexandra Truchot voulait être fleuriste. Un rêve lointain qui a refait surface lorsqu’elle a emménagé dans sa nouvelle maison estrienne. « Il y avait beaucoup de fleurs dans le jardin, plantées par les anciens propriétaires. Je me suis mise à en semer de plus en plus et à me renseigner sur la culture des fleurs. Je me suis rendu compte qu’il n’était pas nécessaire d’avoir des hectares à n’en plus finir pour en faire un métier, qu’il existait un nouveau mouvement de gens qui cultivaient leurs fleurs sur de plus petites surfaces avec une approche écoresponsable. Ça m’a inspirée à me lancer dans quelque chose qui me ressemblait plus que ma carrière de rédactrice. »

UNE RÉSIDENCE DE MOINS EN MOINS SECONDAIRE

À l’origine, c’est le travail qui a amené Fisun Ercan – qu’on a connue aux fourneaux du feu restaurant Su, à Verdun – à acheter une fermette à Saint-Blaise-sur-Richelieu. La cheffe d’origine turque cherchait un endroit où elle pourrait entretenir un potager et donner des ateliers de cuisine. « Dès qu’on a vu cette maison ancestrale en pierre, on est tombés en amour ! », se remémore-t-elle. L’idée était d’avoir une maison de campagne pour les moments où l’on irait à la fermette, mais de garder notre condo en ville. On voyait vraiment ça comme un chalet où l’on irait plus en été qu’en hiver. » Pendant que ladite maison se faisait rénover, la cheffe et son mari se sont mis à passer de plus en plus de temps en Montérégie. C’est durant cette période qu’elle a goûté au plaisir de cultiver ses propres légumes et de cuisiner avec ses récoltes. « On a construit une cuisine de rêve dans le but d’y donner des cours, raconte-t-elle. On a fait tellement d’efforts pour restaurer cette maison dans les moindres détails… Plus la fin des travaux approchait, plus c’était difficile de s’imaginer retourner vivre dans notre petit condo de L’Île-des-Sœurs. On l’a gardé encore quelques mois, puis on a déménagé pour de bon en juillet 2019. » Aujourd’hui, Fisun Ercan se consacre à sa nouvelle entreprise professionnelle, Bika, un projet d’agriculture à petite échelle et de cuisine du terroir avec influences turques. La cheffe, qui affirme se sentir plus vivante depuis qu’elle a fait le grand saut, vit à présent au rythme des saisons. « Avant, je ne prêtais pas attention aux canicules, à la fréquence des pluies, aux pleines lunes, alors que maintenant je suis attentivement la nature pour travailler avec elle. Je pense qu’en tant qu’être humain, on a besoin de ça, de cette connexion avec la nature. »

ACCUEILLIS À BRAS OUVERTS

Les néoruraux interrogés s’entendent tous pour dire qu’ils ont rapidement trouvé leur place au sein de leurs communautés d’accueil qu’ils qualifient de connectées et de solidaires… On est bien loin de l’image de la société rurale conservatrice ou fermée d’esprit d’antan. « Notre expérience a été extrêmement positive, conclut Jocelyn Michel. On a toujours eu des relations très riches avec les gens. Je pense que si tu arrives à la campagne avec une bonne attitude et avec le cœur à la bonne place, tu vas t’intégrer assez rapidement. Si tu as un projet en tête et que tu veux faire partie de la communauté, tu es le bienvenu… il y en a, de la place ! »

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