Sans gluten, faible en gras, riche en fibres. Super aliment, sans gras trans, source élevée d’oméga 3. Chaque jour, nous faisons face à une multitude de conseils sur la nutrition. Que comprenons-nous réellement de ce lot d’informations ?
Dans N’avalez pas tout ce qu’on vous dit, le Nutritionniste urbain démystifie les pièges de l’industrie agroalimentaire et fournit des outils pour s’alimenter de manière équilibrée tout en comprenant mieux le contexte alimentaire actuel.
ENTREVUE
1. N’avalez pas tout ce qu’on vous dit s’ouvre en force avec un premier chapitre s’attaquant à la « bullshit nutritionnelle ». Qu’est-ce que la « bullshit nutritionnelle » ?
C’est une information qui concerne la nutrition et qui peut soit être fausse, soit en partie vraie (basée sur la science, mais avec une part d’invention) ou soit basée sur la science (avec données pour la prouver, mais sans qu’elle ait une influence réelle sur nos vies).
Par exemple, on a entendu dans les nouvelles que le bleuet était une arme contre le cancer. Si on approfondit nos recherches, on réalise que les études ont testé les effets du jus de bleuet sur des souris en laboratoire. Or des résultats observés chez les animaux ne peuvent être appliqués tels quels sur les humains. On parle alors de « bullshit nutritionnelle ».
2. Comment le consommateur averti peut-il trier le lot d’informations qui s’offrent à lui lorsqu’il se retrouve au supermarché ?
Présentement, le recours au marketing nutritionnel pour faire mousser les ventes est utilisé sur un produit sur deux ayant un emballage. L’industrie se sert de termes référant à la nutrition comme « riche en fibres », « riche en antioxydants », « sans gluten », « faible en gras », « faible en calories » pour nous faire croire que ses produits sont meilleurs pour nous qu’ils ne le sont réellement.
Les produits ultratransformés de l’industrie comme les croustilles, les barres tendres, les biscuits, les boissons gazeuses présentent pour la plupart une liste d’ingrédients similaires : gras, sucre, sel, farines raffinées et additifs. Comme ces ingrédients ont peu d’intérêt d’un point de vue nutritionnel et aussi qu’ils ont un effet néfaste sur la santé lorsqu’on en consomme trop, l’industrie tente de convaincre le consommateur d’acheter son produit en lui attribuant des mérites pourtant inexistants. C’est ce qu’on appelle le « marketing nutritionnel ».
Pour faire un choix éclairé sans tomber dans les pièges, je recommande de suivre cinq trucs :
- Prioriser les aliments sans emballage :
Les aliments sans emballage sont généralement les plus bénéfiques pour notre santé. Les fruits et les légumes n’ont pas d’emballage pour vanter leurs propriétés alors qu’ils sont excellents pour la santé.
- Éviter les aliments ayant des allégations santé
Les bénéfices promis dans ces allégations santé sont rarement au rendez-vous.
- Privilégier les aliments ayant une liste d’ingrédients très courte
On vise les aliments ayant 5 ingrédients et moins. Bien sûr, il y a des exceptions, mais c’est là un moyen rapide et efficace de reconnaître le bon du moins bon.
- Éviter les aliments avec une des ingrédients artificiels dans la liste
Les ingrédients artificiels ne sont pas automatiquement mauvais pour la santé, mais ils peuvent nous donner une idée du niveau de transformation du produit.
- Éviter les aliments avec un personnage sur l’emballage
Les aliments avec ce genre d’emballage sont pour la plupart destinés aux enfants et sont conçus comme des objets promotionnels. La valeur nutritionnelle de ce type de produits est souvent très pauvre.
Ces 5 trucs permettent de faire des choix judicieux au supermarché en toute simplicité et rapidement, sans avoir à se référer aux nutriments et aux calories.
3. Pourquoi les études scientifiques concernant la nutrition se contredisent-elles souvent ?
La science est un outil qui cherche à tendre vers la vérité. Des millions d’études en nutrition sont publiées chaque année, et chacune d’elles représente une pièce du grand casse-tête qu’est la nutrition. D’un point de vue scientifique, il est normal d’obtenir des réponses qui divergent, puisqu’on analyse différentes dimensions d’une question donnée. C’est ainsi que le processus scientifique fonctionne. En tant que consommateur, ce ne sont pas ces multiples pièces du casse-tête qui devraient nous intéresser : celles-ci ne devraient pas avoir d’influence sur nos habitudes alimentaires. Ce que l’on veut comprendre, c’est l’image globale : de manière générale, vers quel type de constats les études en nutrition pointent-elles ? Les médias ont tendance à se pencher sur une seule pièce du casse-tête pour en faire une généralité, donc on peut avoir l’impression que les études en nutrition se contredisent. En réalité, cette pièce de casse-tête ne devrait pas nous intéresser ; elle n’est pas représentative du portrait global.
4. Tu mentionnes dans ton livre préférer le Guide alimentaire brésilien au Guide alimentaire canadien. Pourquoi ?
Le Guide alimentaire canadien actuel date de 2007, mais sa philosophie remonte à la période de guerre des années 1940. Dans cette période de guerre, Les carences alimentaires étaient beaucoup plus fréquentes dans la population. Le Guide alimentaire de l’époque visait donc à sensibiliser la population à la nécessité qu’elle mange suffisamment de nutriments.
Aujourd’hui, le Guide alimentaire canadien est encore dans une optique de prévention de carences alimentaires, alors que le contexte alimentaire actuel est tout autre. En 2018, les problèmes alimentaires qui assaillent la population ne concernent plus les carences, mais plutôt les problématiques d’obésité, de maladie chronique comme le diabète, de cancer et de maladies cardiovasculaires. Nous sommes dans l’ère de l’abondance alimentaire, mais les aliments auxquels nous avons accès sont souvent transformés. C’est cette problématique précise qui devrait nous préoccuper.
De son côté, le Guide alimentaire brésilien répond au contexte alimentaire du 21e siècle en s’attaquant à la transformation alimentaire. Il conseille à la population de prioriser les aliments non transformés en proposant différentes marches à suivre, comme cuisiner plus souvent, accorder plus de temps à la préparation des aliments, manger en famille, privilégier des marchés où l’on vend davantage de produits frais que de produits transformés.
Je m’attends à ce que le nouveau Guide alimentaire canadien (prévu pour 2018) s’inspire de ce modèle qui répond davantage aux problématiques de santé publique de notre époque.
5. Y a-t-il différents niveaux de transformation alimentaire ?
Tout à fait. Pour évaluer le niveau de transformation d’un aliment, je me base sur la classification NOVA, qui distingue quatre groupes d’aliments en fonction de leur degré de transformation.
- Catégorie 1 : Aliments frais – peu transformés
Fruits, légumes, viande, lait ; aliments provenant de la terre ou des animaux.
- Catégorie 2 : Produits culinaires
Sucre, sel et gras
- Catégorie 3 : Aliments transformés
Pain, aliments en conserve (légumes, légumineuses, etc.), pâtes, yogourt, fromage. Cette catégorie n’est pas nécessairement à réduire dans notre alimentation.
- Catégorie 4 : Aliments ultratransformés
Ce sont des aliments qui détiennent énormément de sucre, de sel, de gras et d’additifs. On peut parler de biscuits, de barres tendres, de céréales, de gâteaux, de boissons gazeuses, de yogourt avec bonbons, de chocolats. Ce sont ces aliments que l’on devrait limiter le plus possible dans notre alimentation.
6. L’alimentation est pour certains une cause de stress, alors qu’elle devrait être avant tout une source de plaisir. As-tu quelques astuces pour s’alimenter de manière équilibrée sans ressentir de culpabilité ?
Pour moi, manger de manière équilibrée consiste à manger de manière relativement saine : boire en majorité de l’eau ; manger en majorité des végétaux (fruits, légumes, produits céréaliers, noix, graines) ; manger le moins transformé possible ; manger une diversité d’aliments. La saine alimentation, c’est aussi considérer la notion de plaisir dans la recherche de l’équilibre.
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