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Parce qu’il n’y a pas qu’une seule façon d’(ac)cueillir le moment présent, comme le veut l’expression consacrée, et de laisser au passé ce qui lui appartient, voici regroupées en ces pages cinq œuvres littéraires ou musicales qui ont su raconter comment, peu à peu ou d’un trait, il est possible d’affronter, de surmonter ou d’embrasser ce qui trop souvent nous empêche d’aller de l’avant.

3943362 gf - Cinq œuvres pour célébrer le lâcher-prise

LES ÉMOTIONS

La symphonie des éclairs, de Zaho de Sagazan (Virgin, 2023)

Auréolée aux Victoires de la musique, où elle a remporté quatre prix parmi les plus prestigieux, dont ceux pour l’album de l’année, la révélation féminine et la chanson originale — l’envoûtante chanson-titre, Zaho de Sagazan est, à 24 ans, en pleine possession de ses moyens, dès son premier album. Avec son phrasé sûr, sa voix mature, son voile de mystère et son goût pour une pop complexe et fière, elle déploie toute la palette émotive qu’il nous faut dompter pour nous épanouir au quotidien, en l’assumant de toute notre chair. Il y a l’amour, bien sûr, dans son emballement (« Les garçons, Mon inconnu»), son aveuglement (« Les dormantes»), son emprise (« Langage »), ses doutes (« Dis-moi que tu m’aimes») ou ses désillusions (« Je rêve, Suffisamment»). Sagazan se débat aussi contre la peur (« Ne te regarde pas ») ou les temps gris (« Tristesse »), revendiquant que « Les émotions sont des couleurs / [Elle est] le peintre qui les renverse». Jusqu’à traverser les nuages « comme le fait la lumière», telle une tempête humaine libérant La symphonie des éclairs.

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LA NOSTALGIE

Le tour du bloc. L’album du spectacle, de Michel Rivard et le Flybin Big Band (Spectra Musique, 2023)

Après avoir sondé sa carte du ciel dans le spectacle musicothéâtral L’origine de mes espèces, le vieux routier Michel Rivard se permet de revisiter 50 ans de chansons, tout en interrogeant ce qu’il nous en coûte de tourner autour du Soleil. Pas moins de 11 musiciens et choristes l’accompagnent sur scène, le fameux Flybin Big Band, et son répertoire y gagne une ampleur et une magnificence des plus contagieuses. Du « tour du bloc » de sa jeunesse à ces moments où l’adulte « fait tourner des ballons (sur son nez)», en passant par les tours que la vie nous joue sans détour, il nous incite à nous réconcilier avec notre passé sans céder à la nostalgie, cette « maîtresse inassouvie aux yeux trop bleus». Entre les emprunts à Beau Dommage et les fleurons de sa carrière solo, les chansons ressurgissent dans le désordre, comme autant de souvenirs radieux « Tombé(s) du ciel », par « Un trou dans les nuages ». Un album enregistré devant public qui refaçonne un « Maudit Bonheur» qui devrait rejaillir sur tout un chacun.

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LES DETTES

Le compte est bon, de Louis-Daniel Godin (La Peuplade, 2023)

Et si l’adoption était la dette ultime ? Un enfant devenu adulte se pose cette question obsédante en ressassant ses souvenirs-emblèmes, les encapsulant dans des valeurs numérales, de zéro à vingt mille, sans oublier l’infini. « Adopté à l’âge de cinq jours », Louis-Daniel court de toute son âme après sa note de crédit, décryptant chaque transaction en espèces sonnantes ou en devises symboliques. Avec Le compte est bon — clin d’œil au jeu français Des chiffres et des lettres, le primo-romancier Louis-Daniel Godin, féru de psychanalyse, polit une écriture hypnotique, magnétisée par l’appel du mot juste, qui se déplie et se replie, s’emballe et se rétracte, affirme et doute dans un même souffle, vide la tirelire sans la casser pour mieux la regarnir ; « mais il faut avancer, il faut avancer quand même, sinon, sinon, sinon. » Un petit bijou au style ravissant et maîtrisé, où les chiffres prennent corps et rendent grâce à ce qui ne se calculera jamais.

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LES BLESSURES

Nommer le vivant, de Mélilot de Repentigny (Leméac, 2024)

« De la vitalité à la dormance», et vice versa et par tous les états naturels entre les deux pôles, Myrique observe son environnement au gré des soubresauts de sa santé mentale. Parce «qu’il n’y a pas de meilleur remède à la grisaille que celui d’apprendre à nommer le vivant», iel prend appui sur le regard du frère Marie-Victorin et sur sa Flore laurentienne, pour identifier et apprivoiser les espèces côtoyées durant ses séjours en psychiatrie, de Montréal à Rimouski. Ayant étudié en techniques forestières puis développé une passion pour la cueillette en tous genres, surtout celle des champignons, Myrique — alter ego de Mélilot de Repentigny — brosse des portraits nuancés et multidimensionnels du corps médical et du personnel soignant, mais d’abord de ses congénères hospitalisé(e)s, sur un territoire où affluent les troubles et les manques, la sève et la sueur, l’insomnie et les rêves enfouis. Un premier livre qui respire large et rappelle avec force que la santé est affaire de mouvement et d’enracinement.

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LES ADIEUX

Partir de loin, de Caroline Dawson et Maurèen Poignonec (La Bagnole, 2024)

Caroline s’apprête à prendre l’avion avec ses enfants et en profite pour leur raconter son baptême de l’air, alors qu’elle n’avait que sept ans et devait laisser derrière elle non seulement presque tous ses jouets, mais surtout le pays qui l’a vue naître. Quelques mois avant son départ, la regrettée Caroline Dawson a fait paraître ce bel album jeunesse, en complicité avec l’illustratrice Maurèen Poignonec, dont le trait de crayon traduit à merveille la vivacité propre à l’enfance. L’autrice y aborde avec délicatesse certains enjeux déjà soulevés dans son célèbre récit Là où je me terre, en les adaptant pour les tout-petits et en ne faisant allusion ni au Chili ni à l’espagnol, pour démultiplier les horizons du lectorat. L’immigration et ses défis multiples, l’apprentissage d’une langue, la préservation et la découverte des traditions : en toute simplicité, une nouvelle vie se dessine, des bancs d’école à la cabane à sucre. Un autre voyage commence.