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Photo : © Justine Latour

 

Naviguer entre vie publique et vie privée peut être un véritable défi, surtout pour ceux qui vivent sous les projecteurs. Léane Labrèche-Dor, comédienne et animatrice, partage ses réflexions sur cette dualité, sur la précarité du métier, et sur les défis d’être perçue comme «la fille de». Elle se confie également sur la maladie de sa mère, une période marquante où elle a endossé le rôle de proche aidante. Rencontre avec une femme inspirante, à la fois ancrée dans le présent et nourrie par son passé.

Bonjour, Léane. Les Labrèche font partie du paysage médiatique québécois depuis plusieurs décennies. Votre père est Marc Labrèche, votre conjoint est le comédien Mickaël Gouin. Il y a donc un aspect très public à votre vie. Où tracez-vous la ligne entre vie publique et vie privée?
« À plusieurs égards, l’aspect public n’est pas “vrai”. Les sketches que je fais avec mon père, je m’y plonge comme si nous n’étions pas de la même famille, sinon, j’ai l’impression d’aller à l’encontre de ce que j’ai mis en place. J’ai fait une école de théâtre pour mériter ma place dans le milieu. Et pendant longtemps, mon plan n’était pas du tout de devenir actrice. Même après l’école de théâtre, je ne voulais pas travailler avec Marc. Il a fallu y réfléchir, en discuter longuement. J’avais peur de me faire dire que j’étais là juste parce que je suis “la fille de”. On me le dit d’ailleurs encore aujourd’hui. Malheureusement, je ne contrôle pas ça, donc tout ce que je peux faire, c’est donner le meilleur de moi-même. »

Cela étant dit, comment percevez-vous la longévité dans le métier?
« Je la trouve précaire. Tu peux donner ton 110 % toute ta vie, et voir ta carrière s’arrêter soudainement sans que tu saches pourquoi. Ce n’est tellement pas ce qu’on veut entendre, mais le timing y est aussi pour beaucoup. On en parle souvent avec Marc, qui se trouve déjà has been et essaie de se réinventer du mieux qu’il peut. Quand j’ai commencé à pratiquer ce métier-là, lui se demandait déjà comment faire pour que ça dure. A-t-on une date de péremption en tant qu’artiste? On évolue dans une époque. Si l’époque change, est-ce qu’on est encore pertinent? Je pense que l’art peut faire réfléchir, peut faire du bien, mais il faut que ce soit en synchronicité avec les envies et les besoins des gens. Ces considérations m’ont fait comprendre que je ne peux pas me lever le matin et aspirer à faire ce métier-là jusqu’à la fin de mes jours. »

Votre maman a eu un cancer et en est décédée lorsque vous étiez en secondaire 5. Comment cela a-t-il marqué cette période de votre vie?
« Son diagnostic est tombé quand j’étais en secondaire 2. Heureusement, je n’avais pas trop de défis à l’école, j’étais très studieuse. Les épreuves que je traversais à la maison n’ont donc pas trop affecté mon parcours scolaire. Je finissais même l’année avec des Méritas (rires)!
Cette expérience-là m’a forgée. Elle m’a appris à vouloir devenir une bonne adulte, comme jamais je n’aurais pu l’apprendre à l’école. Ça m’a responsabilisée. Ça m’a appris la résilience. Ça m’a appris la gentillesse. Ça m’a appris la patience. Ça m’a appris la détermination. Je suis beaucoup plus outillée, et beaucoup plus sharp comme humain aujourd’hui. »

Quel était votre rôle en tant que proche aidante auprès de votre mère?
« À l’époque, je n’étais pas consciente d’être une proche aidante. J’étais une présence, je lui donnais de l’amour. Je faisais à manger, je manquais l’école l’après-midi pour aller faire l’épicerie pour pouvoir faire le souper le soir. Je me suis occupée d’elle, c’est moi qui lui ai rasé les cheveux. Je l’ai accompagnée à certains traitements, je lisais avec elle des magazines à potins, juste pour lui changer les idées. Les petits massages de pieds, ça fait un bon bout de chemin aussi! Je prenais soin d’elle, finalement. »

Comment était votre maman? Quels souvenirs gardez-vous d’elle?
« Je ne sais jamais si mes souvenirs sont fidèles, ou s’ils sont embellis par le fait qu’ils sont figés dans le temps et par l’amour que j’ai pour ma mère qui est restée dans le passé, mais ce dont je me rappelle, c’est d’une femme vraiment têtue (rires). Je pense d’ailleurs que ça fait partie des raisons pour lesquelles elle est tombée malade, à force de vouloir trop en faire.
Je la trouvais aussi brillante. Elle n’avait pas fait beaucoup d’études, mais elle se débrouillait dans la vie. Elle était très humaine, très à l’écoute. L’écoute, c’est l’une des plus belles qualités qu’un être humain puisse avoir, et comme parent, encore plus. Elle était vivante, curieuse, drôle, party, voyage. »

Est-ce que vous lui ressemblez?
« Oui, et avoir des enfants me fait remarquer à quel point. Le côté têtu, ma propension à faire passer les autres d’abord… Tout ce qu’il aurait fallu qu’elle travaille, il faut que je le travaille!
Ma mère, c’était ma meilleure amie. J’ai dû être arrogante et ingrate par moments, comme tous les enfants, mais il y avait un partenariat entre elle et moi qui était plus grand que ce que je voyais chez mes amies avec leur mère. Et c’est vrai aussi avec mon père. Je ne sais pas pourquoi, mais mon frère et moi sommes très proches de nos parents. »

Quel est votre rapport à la féminité? Vous avez longtemps voulu être un garçon?
« Oui, j’ai longtemps essayé de faire pipi debout (rires). J’étais fière de jouer au soccer avec les gars et de me battre avec eux. J’aimais ça.
Je pense que cette inclination-là m’a été transmise par ma mère. Elle mesurait 5 pieds 1 et pesait 103 livres, mais elle conduisait des camions, elle a fait de la régie de spectacle, elle était la seule fille d’une fratrie de quatre enfants. Elle avait toujours envie de se prouver et d’être plus forte que les autres. Elle avait une drive qui, à une autre époque du féminisme, cadrait bien.
Avec le recul, je me rends compte que ce qui faisait que les garçons à l’école étaient respectés et perçus comme cool était des choses desquelles j’étais naturellement plus proche que ce pour quoi les filles étaient respectées. Je ne suis pas la plus belle, je ne suis pas la mieux attifrée… Je me disais que j’avais plus de chances, avec mes épaules larges de natation et de gymnastique, de trouver ma place dans le troupeau des gars.
Aujourd’hui, je ne suis plus d’accord avec cette idée de se comparer aux hommes. Glorifier les traits distinctifs chez mes compatriotes masculins et essayer de les reproduire en tant que femme crée seulement une forme de misogynie internalisée. »

À quel moment avez-vous commencé à assumer votre féminité?
« À 29 ans. C’est assez récent. Je dois lever mon chapeau à mon chum, qui a travaillé très fort pour me faire comprendre que ça devait partir de l’intérieur de moi. C’est le premier à m’avoir dit : “Quand tu ne te poses pas de questions et que tu t’arranges d’une façon que tu trouves belle, en y allant au feeling, tu es plus belle que bien du monde.” Il m’a fait réaliser que, quand j’essayais de m’arranger en fonction de ce que je pensais que les autres attendaient de moi, ça ne me servait jamais.
Devenir mère m’a aussi reconnectée avec ce qui était le plus important pour moi. La maternité reste une épreuve, mais ça n’en est pas moins lumineux.
Donner naissance m’a permis de réaliser que mon corps n’a pas de limite. Il y a un sentiment de toute-puissance qui vient avec ça et qui est très libérateur. Personne ne peut m’enlever ça, et je ne peux pas l’enlever à aucune autre mère ni à aucune autre femme. Le corps des femmes a un potentiel immense, qu’on aille ou non vers la maternité. On est plus fortes, plus tolérantes, plus résilientes que bien des choses dans cet univers. »

Pour écouter l’entrevue complète animée par Evelyne Charuest, suivez notre balado Centré sur l’équilibre.

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